JMLLORENS - Extrait

Parfois, le monde scientifique s’accom-mode mal, d’un esprit pur et incorruptible. Dans le cas de Denis Richaud cette quali-té, poussée à son extrême, devenait un défaut. Cela l’avait pourtant sauvé en début de carrière. Il avait fait sa thèse dans un laboratoire de la police scientifique et il était promis à une carrière brillante dans cette institution.
Malheureusement, à la suite d’un meurtre sordide dans les milieux de la drogue, les membres de son groupe avaient été mouillés dans une affaire de corruption et de faux papiers. Des sommes importantes et de la drogue avaient disparu. Son caractère incorruptible avait été démontré. Il avait été blanchi. Cependant cela ne s’était jamais transformé en embauche ferme et définitive. Il ne s’en était jamais vraiment remis.
Quand l’équipe de Jérôme avait commencé les travaux sur les nouvelles molécules à effets neurologiques contre la maladie de Parkinson et Alzheimer, il y a presque vingt ans, Denis s’était présenté. Son parcours et ses compétences ont tout de suite convaincu les collègues de ce que pouvait apporter ce chercheur hors normes.C’était sans compter sans son fichu caractère !

Extrait n°1

Les rues de Toulouse reprenaient leurs couleurs printanières, en ce début de mois d’avril. Michel marchait tête baissée, bouleversé par les propos de la psy. Il sentait qu’il jouait avec le feu, dans cette confrontation.
Peut-être faudrait-il venir sous l’emprise de la LDP aux prochains rendez-vous ? Certes, elle ne se shootait pas avec cette molécule, mais la formation qu’elle avait suivie était tout aussi efficace pour forcer les verrous psychiques. Elle savait entrer dans les méandres des non-dits et des secrets profonds de chacun, sans avoir besoin de les lire en direct.
Les gens, sur le trottoir, déambulaient gaiement sous un chaud soleil, chaleur accentuée par le vent d’autan. Michel enviait leur insouciance, lui n’avait pas le cœur à rire.

Extrait n°2

Lire les pensées, écouter ce que disent tous les convives et répondre de manière posée et pertinente sollicitait beaucoup la concentration de Michel. Il se demandait s’il allait tenir toute la journée.
Il restait sur la défensive, ce qui n’était pas la meilleure attitude pour s’intégrer. En fait, les pensées qu’il saisissait allaient plus vite que les paroles, voire arrivaient en même temps. Jusqu’à maintenant, dans ses relations avec les gens, il avait observé ou discuté en petits comités. Dans ces conditions, il pouvait gérer les silences ou en créer. Mais là, ce n’était plus possible. Il était constamment sollicité. Il avait sous-estimé les difficultés de cette situation ; il ne se sentait pas assez préparé.
Les pensées de Sophie n’étaient pas formulées en phrases cohérentes et organisées. Il s’agissait plutôt d’une sorte de feu d’artifice allumé par ses émotions.